L'Union Européenne

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L’Union Européenne est un des acteurs les plus importants. D’une part parce qu’elle borde la Méditerranée, où les réserves de thon qui s’y trouvent sont parmi les plus importantes, d’autre part parce que ses pays membres sont d’importants pêcheurs.

Ainsi, l’exploitation du thon est un élément économique et social fort en Europe. Sa position a été ambivalente pendant les dix dernières années. Selon Charles Braine, ancien chargé de pêche chez WWF, l’Union Européenne a encouragé un développement fort de la pêche à la senne, sans anticiper les restrictions nouvelles qui allaient réguler le thon rouge :

« Jusqu’en 2003, l’Europe autorisait la subvention à la construction, suivant les navires ils ont touché entre 25 et 40% que le contribuable européen a payé (entre 2 et 3 millions d’euros par bateaux). Aujourd’hui, ils se sont rendus compte que il y avait trop de capacité de pêche donc il y a des plans de sortie de flotte. On incite certains à arrêter. En fait, on leur rachète leurs bateaux, donc on remet la main à la poche. Pour ces chèques, l’année dernière, le plus bas était de 800 000 € et le plus gros autour de 2 millions. Le contribuable européen a quasiment payé l’outil de production de l’industriel, dans quel autre pays ça ça existe, je ne sais pas ! »

Trouver un consensus au sein de l’UE n’est pas toujours aisé, par la nature de son organisation. Alain Cadec, vice-président de la commission pêche, le décrit ainsi :

« C’est clair qu’il y a parfois des oppositions assez fortes entre la Commission et le Parlement sur la question de la pêche, oui, on n’est pas toujours d’accord. Il y a un bras-de-fer entre la Commission et le Parlement, mais c’est la règle du jeu, c’est très bien. La Commission est mandatée à l’unanimité pour faire des propositions, s’agissant de la pêche du thon rouge, par exemple. Par contre au Parlement, chacun y va de son couplet, les Verts ne pensent pas comme moi. Ils ont le droit, mais on finit toujours par s’entendre parce qu’on y est bien obligés. »

Cette hésitation entre l’investissement dans de nouveaux bateaux et plans de sortie de flotte a été finalement tranchée en 2008 avec l’adoption de la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin milieu marin. Cette décision, à transcrire en loi nationale comme toutes les directives, marque un tournant en faveur d’un encadrement plus strict des pêches.

Si le langage technocratique rend difficile la compréhension des enjeux de cette directive par le public, Charles Braine la résume ainsi : « elle donne des objectifs contraignants pour tous les états membres : atteindre le MSY pour tous les stocks pêchés pour 2020 ».